Rivalité au boulot : comment réagir quand un collègue nous a dans le viseur ?
Identifier les red flags
Responsable de service dans une société de prêts, Florence vit au quotidien sous les regards pressants de sa collègue Marie (prénom modifié), de 30 ans sa cadette, qui occupe le même bureau et un poste égal. « Elle regarde ce que je fais, demande mes résultats à notre cheffe, et se met toujours en avant. Par exemple, elle rappelle constamment à notre N+1 qu’elle quitte le boulot à 20h ». Avec son comportement de “lèche-cul”, Marie est parvenue à ses fins en devenant très copine avec la Big Boss, et Florence n’a aucune confiance en elle. « Il y a sans doute un peu d’hypocrisie mais on s’entend bien malgré tout, et puis le télétravail nous a éloignées. Ma carrière est derrière moi, je n’ai pas envie de faire plus d’heures alors je laisse courir, ça ne m’empêche pas de dormir. »
Marie semble cocher toutes les cases de la compétitrice nocive, que l’on peut identifier à travers plusieurs signaux : être sans cesse dans la comparaison, chercher à s’informer sur les résultats d’autrui sans donner d’informations sur les siens, se mettre en avant devant des témoins…« Ces personnes ne sont pas dans un mode collaboratif, elles récupèrent des informations pour servir leur propre intérêt et se situer par rapport aux autres. Celles et ceux qui sont indifférents à la compétition, comme Florence, se détachent des désaccords et regards critiques pour éviter le conflit. Mais si cela atteint la confiance en soi, il est préférable de ne pas rester passif et d’engager le dialogue ».
S’éloigner des jalousies
Lorsqu’elle travaillait en hôtellerie-restauration de luxe pour les saisons estivales Laura, 23 ans, a été la cible des jalousies de ses collègues : dans un milieu de chargé de sexisme et de machisme, tous les coups étaient permis. « D’autres serveurs s’occupaient de mes tables sans me prévenir, exprès pour que je sois paumée dans mes commandes et que mes clients se retrouvent avec leur plat mais sans couverts pour manger. Et quand mon travail était apprécié, ma cheffe, qui était une femme, me filait tout le sale boulot le lendemain : nettoyer les couverts au vinaigre pendant plus longtemps que les autres, récurer les toilettes à la javel… » Pas particulièrement intéressée par le secteur de la restauration dans lequel elle ne voyait qu’un job d’été, l’étudiante n’a jamais souhaité se confronter ni à ses collègues, ni à sa boss.
Mais pour ceux qui ne parviennent pas à se détacher des regards critiques voire malveillants, il est parfois nécessaire de mettre les pieds dans le plat. « Il faut tenter de dialoguer avec les personnes qui commencent à être provocantes et bien marquer son tempérament et sa personnalité, en expliquant que l’on ne compte pas entrer dans ce jeu.
Et si les tensions persistent malgré la mise au point, le N+1 peut également être un référent pour tempérer la situation. Cet esprit de compet’ est d’ailleurs parfois insufflé par la boîte elle-même, qui peut pousser ses employés à se dépasser à travers une récompense ou reconnaissance au plus performant. Dans ce cas, pourquoi ne pas exposer à votre manager que la compétitivité, si elle est un excellent moyen de stimuler les équipes, peut parfois devenir nuisible à la productivité et à l’esprit d’équipe.

Vers une rivalité vertueuse
Contrairement à ce que l’on peut penser quand on n’a pas l’esprit de compétition, le challenge entre les collaborateurs n’est pas toujours subi, ni vecteur de tensions au boulot. S’il n’est pas tenu en laisse par la forte-tête de la boîte et que l’on se prend gentiment au jeu, il peut en résulter des idées innovantes et originales.
« La compétition demande de faire preuve de créativité pour déployer une stratégie et performer dans ses missions. Une personne compétitive va éviter de se disperser dans son travail et toujours garder ses objectifs en tête pour les atteindre », dépeint la coach professionnelle.
Même si on n’a aucun pouvoir sur la forme de compétitivité à laquelle on fait face de la part de ses collègues – celle-ci dépend d’abord de leur personnalité -, lorsque cette rivalité est saine et source de dépassement, il est plus aisé de rentrer dans un jeu vertueux pour en tirer des bénéfices individuels, sans nourrir de mauvais sentiments. Rentrer dans le challenge peut également être un moyen de briser la routine au travail en boostant sa motivation, et de rompre l’ennui de tâches parfois un peu répétitives. À condition, bien sûr, de rester bon perdant et d’accepter que l’on ne peut pas gagner à tous les coups.
S’inspirer des compétiteurs dans l’âme
Certains prennent les jeux trop à coeur et envoient le plateau valser quand ils perdent, tandis que d’autres ne jouent que pour se divertir, et acceptent autant la victoire que la défaite. Au bureau comme ailleurs, faire face à une personne compétitive quand on ne l’est pas soi-même peut être déroutant, voire agaçant. Selon Mila Elhamdi, chaque tempérament peut pourtant apporter à l’autre : « Si dans un binôme, une personne fait preuve d’un esprit de compétition et réussit ce qu’elle entreprend, il ne faut pas hésiter à échanger avec elle, à essayer de comprendre la genèse de ses motivations. » On peut l’interroger sur son souci de performance, ses frustrations, ses points de vigilance, ce qui la stimule… « À partir de là, on va essayer d’être empathique et d’apprendre de ces échanges, en faisant évoluer notre propre manière de travailler… pour peut-être allumer la petite flamme de la compétitivité. »
De la rivalité la plus sournoise à l’émulation positive et créatrice, l’important est de rester en adéquation avec vos valeurs et d’éviter de tomber dans un jeu dans lequel vous ne vous reconnaîtriez pas. Cela peut consister à rester indifférent si cela n’atteint pas votre confiance en vous, à instaurer une discussion lorsque c’est nécessaire, voire à se prendre au jeu si cela peut huiler les rouages de votre motivation.
Partager l'article
postuler
CONTACTEZ NOUS: